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  • : Le blog de la-Pensée-libre
  • : Philo-socio-anthropo-histoire. Revue en ligne éditée par une partie de l'ancienne rédaction de "La Pensée" exclue en 2004, élargie à d’autres collaborateurs et consacrée au renouvellement de la pensée critique de la globalisation, du politique, de l’économique, du social et du culturel.
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  • Cette revue de Philo-socio-anthropo-histoire est éditée par une équipe de militants-chercheurs. Elle est ouverte à tout auteur développant une pensée critique sur la crise de civilisation du système capitaliste occidental.
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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 11:09

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Nous n'avons pas l'habitude de publier des appels et des textes trop conjoncturels mais toute règle connait, par principe, ses entorses. Dans le cas présent, il est clair que le mouvement populaire qui se développe en Grèce dans le silence assourdissant de nos grands médias, et qui fait suite à des mouvements comparables dans d'autres pays de la Méditerrannée et de l'Europe atlantique, sans oublier la grave crise que traverse la Hongrie et les pays baltes, rend la publication de ce texte nécessaire. Parce qu'il résume une situation et un point de vue absents de la plupart des grands médias occidentaux et que le devoir de pluralisme nous amène à présenter ce point de vue en espérant pouvoir l'appuyer à l'avenir sur des études plus approfondies permettant de replacer le cas grec dans son contexte mondialisé. Ainsi d'ailleurs que dans celui de ladite « construction européenne » à laquelle les auteurs font d'ailleurs référence. Ce qui peut soulever des interrogations de certains d'entre nous qui penchent pour voir dans ce processus même non pas un remède mais une des causes des crises en cours. Question qui mérite elle-aussi d'être débattue de façon approfondie et sérieuse. D'autant plus que les événements de l'année en cours semblent montrer que l'unité de la Méditerrannée au niveau des peuples est peut-être en fin de compte plus enracinée que ladite « conscience européenne ». A examiner en tout cas.

La situation de la Grèce ayant été présentée de façon caricaturale, il faut, par soucis, pédagogique, donner l'occasion de présenter quelques principes fondamentaux et leur argumentaire. Ce que nous faisons ici 

La Rédaction


 

 

Aux citoyens indignes de Grèce et d'Europe *

-

Mai 2011

                                        

 

Le Comité Consultatif du Mouvement des Citoyens Indépendants: « L’ Etincelle » créé à l'initiative de Mikis Théodorakis *

 

« Nous saluons les dizaines de milliers, voire les centaines de milliers de nos concitoyens, jeunes pour la plupart, qui se sont rassemblés sur les places de toutes les grandes villes (NDLR. de Grèce1) pour manifester leur indignation à l’occasion de la commémoration du mémorandum (Accord cadre signé entre le gouvernement grec, l’UE, le FMI et la BCE, en mai 2010 et « rénové » depuis regulièrement), demandant le départ du gouvernement de la Honte et de tout le personnel politique qui a géré le bien public, détruisant, pillant et asservissant la Grèce. La place de tous ces individus n’est pas au Parlement, mais en prison.

 

Nous saluons les premières Assemblées générales qui se déroulent dans les centres de nos villes et la démocratie immédiate que s’efforce de découvrir le mouvement inédit de notre jeunesse. Nous saluons les travailleurs de la fonction publique qui ont entrepris manifestations, grèves et occupations pour défendre un Etat qui, plutôt que le démantèlement prévu par le FMI, a désespérément besoin d’une amélioration et d’une réforme radicales. Par leurs mobilisations, les travailleurs de l’Hellenic Postbank, de la Régie nationale d’électricité et de la Société publique de loterie et de paris sportifs défendent le patrimoine du peuple grec qu’entendent piller les banques étrangères, par le truchement de leur gouvernement fantoche à Athènes.

 

Le pacifisme exemplaire de ces manifestations a démontré que lorsque la police et les agents provocateurs ne reçoivent pas l’ordre d’intervenir, le sang ne coule pas. Nous appelons les policiers grecs à ne pas être les instruments des forces obscures qui tenteront certainement, à un moment donné, de réprimer dans le sang les jeunes et les travailleurs. Leur place, leur devoir et leur intérêt est d’être aux côtés du peuple grec, des protestations et des revendications pacifiques de celui-ci, aux côtés de la Grèce et non des forces obscures qui dictent leur politique au gouvernement actuel.

 

Un an après le vote du mémorandum, tout semble attester son échec. Après cette expérience, on ne peut plus s’autoriser la moindre illusion. La voie qu’a empruntée et continue de suivre le gouvernement, sous la tutelle des banques et des instances étrangères, de Goldman Sachs et de ses employés européens, mènent la Grèce à la catastrophe. Il est impératif que cela cesse immédiatement, il est impératif qu’ils partent immédiatement. Jour après jour, leurs pratiques révèlent leur dangerosité pour le pays. Il est étonnant que le procureur général ne soit pas encore intervenu contre le Ministre de l’Economie et des Finances, après les récentes déclarations tenues par ce dernier sur l’imminence de la faillite et l’absence de ressources budgétaires. Pourquoi n’est-il pas intervenu suite aux déclarations du président de la Fédération des patrons de l’industrie et de la Commissaire européenne grecque Mari Damanaki sur une sortie de l’euro ? Pourquoi n’est-il pas intervenu contre le terrorisme de masse avec lequel un gouvernement en faillite, sous le diktat de la Troïka [UE - FMI - BCE], tente une nouvelle de fois d’extorquer le peuple grec ? Par leur catastrophisme, leurs allusions tragiques et tout ce qu’ils inventent et déblatèrent pour effrayer les Grecs, ils ont réussi à humilier le pays dans le monde entier et à le mener réellement au bord de la faillite. Si un chef d’entreprise s’exprimait de la même façon que le fait le Premier ministre et ses ministres lorsque ils parlent de la Grèce, il se retrouverait immédiatement derrière les barreaux pour malversation grave.

 

Nous nous adressons aussi aux peuples européens. Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. Ne croyez-pas les mensonges grossiers et absurdes de journaux compromis qui veulent vous convaincre que le problème est dû soi-disant à la paresse des Grecs alors que, d’après les données de l’Institut statistique européen, ceux-ci travaillent plus que tous les autres Européens !

 

Les travailleurs ne sont pas responsables de la crise ; le capitalisme financier et les politiciens à sa botte sont ceux qui l’ont provoquée et qui l’exploitent. Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle.

 

Il n’y a pas d’autre solution qu’une restructuration radicale de la dette, en Grèce, mais aussi dans toute l’Europe. Il est impensable que les banques et les détenteurs de capitaux responsables de la crise actuelle ne déboursent pas un centime pour réparer les dommages qu’ils ont causés. Il ne faut pas que les banquiers constituent la seule profession sécurisée de la planète !

 

Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont-elles-mêmes générées sous forme de dettes. Comment peut-on proposer un ancien collaborateur de la Goldman Sachs pour diriger la Banque centrale européenne ? De quelle sorte de gouvernements, de quelle sorte de politiciens disposons-nous en Europe ?

 

Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire a été le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. Nous ne vous demandons pas un traitement de faveur parce que nous avons subi, en tant que pays, l’une des pires catastrophes européennes dans les annees 1940 et que nous avons lutté de facon exemplaire pour que le fascisme ne s’installe pas sur le continent.

 

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-Monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

 

Le Comité Consultatif du Mouvement des Citoyens Indépendants.« L’ Etincelle »

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Notes :

1NDLR. A quoi il faut ajouter, pour remettre la chose dans son contexte plus « mondial », les mobilisations populaires en Tunisie et en Egypte d'un côté et en Islande de l'autre. Toutes ces manifestations ayant été d'une façon ou d'une autre provoquées, en partie, par l'appauvrissement systématique des peuples en question en raison du pillage de leurs ressources, du piège de l'endettement mondial usuraire, de la soumission des élites locales compradore aux élites financières mondiales supranationales, de la corruption des cadres politiques et médiatiques, de la délégitimation organisée des principes et valeurs sociales collectives et du déclassement des classes moyennes, en particulier de ses couches les plus jeunes.

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